Quand le Diable en personne cherche à intimider un jeune moine au cœur pur et qu'une perle finit par se transformer en rocher, le "Roc branlant" !
Il était une fois, au village de Badeix une communauté de moines Grammontains en une belle Abbaye posée dans la verdure. Tous ces moines travaillaient la terre de leur domaine avec presque autant de ferveur que pour la prière qui montait de la chapelle conventuelle aux diverses heures du jour.
Le prieuré de Badeix
Parmi tous ces vertueux serviteurs de Dieu il en était un plus parfait encore que ces frères, ce jeune Novice était si pur qu’un soir le Diable s’intéressa à lui tout particulièrement, il décida de le corrompre afin de lui interdire l’élévation dans la hiérarchie du monastère qui l’abritait.
Le Cornu entreprit donc de le tenter, toutes ses manœuvres furent vaines, bien que les sept péchés capitaux y fussent passés en revue. En désespoir de cause le Démon eut une idée qui lui sembla géniale : et si le moinillon était peureux, ah, voilà qui allait arranger ses affaires auprès de son maître de l’Enfer, il allait enfin pouvoir gagner un peu de prestige en achetant une âme à si bas prix !
La nuit venue, notre démon se glissa près de la couche du jeune homme et le terrorisa avec ses yeux de braise, sa figure terrible et ses pieds fourchus qui martelaient le sol dallé de la cellule. La panique fit jaillir le Novice hors de son lit, il prit la fuite vers la campagne sans se préoccuper de sa tenue vestimentaire, il partit donc peu couvert avec son chapelet pour seul viatique.
Le Diable surpris de la rapidité de réaction de sa victime se mit à courir derrière le pauvre garçon en poussant d’horribles vociférations afin de le clouer sur place pour lui faire vendre sa belle âme pure. Le malheureux à bout de forces et de prières jeta les perles de son chapelet béni à la face du Malin afin de s’assurer la protection divine, l’objet sacré se brisa en tombant à terre et les perles se dispersèrent en un sentier bordant un ruisselet, formant ainsi le « Chapelet du Diable ».
Un bras du ruisseau la Doue s'écoule à côté de l'amas rocheux du Chapelet du diable
La plus grosse d’entre elles se posa en équilibre sur le socle rocheux formant le sol à cet endroit, de ce jour on le nomma le « Roc Branlant ».
La perle transformée en roche !
En voyant arriver vers lui cette pluie de projectiles, peu volumineux, mais éminemment dangereux pour un Diable, ce prince de l’Enfer fut à son tour pris de panique et devint l’arroseur arrosé !
Le Novice reprit haleine avant de s’en revenir vers ceux qui l’attendaient avec l’anxiété que l’on devine. Il sortit grandi de l’épreuve, le Diable, lui courut si vite et si loin qu’on ne le revit jamais dans les environs de Saint-Estèphe !
Si vous allez un jour en promenade partant du Grand Etang vers l’Etang des Cygnes, escaladez donc le « Chapelet du Diable » et tordez une pièce de monnaie sous le « Roc Branlant », il paraît que cela porte bonheur si vous la gardez dans votre poche !
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